Le courant existentiel en psychothérapie, incarné en particulier par Irvin Yalom, dont j’ai déjà parlé sur ces pages, s’intéresse de près aux angoisses fondamentales que nous traversons au cours de notre vie.
Psychothérapie existentielle
On dénombre quatre types d’angoisse existentielle (ou cinq selon les auteurs) :
- La finitude, ou angoisse de mort : toute chose a une fin, y compris notre vie et celle de ceux qui nous entourent ;
- L’isolement, autrement dit la solitude existentielle : même entourés d’autres, nous sommes d’une certaine manière toujours seuls ;
- L’absence de sens, ou absurdité de la vie, dite aussi angoisse noétique : nous avons besoin en tant qu’êtres humains d’attribuer du sens à ce que nous vivons, ce qui nous amène tôt ou tard à réaliser que la vie/le monde en sont dénués ;
- La responsabilité, reliée au libre-arbitre et à l’angoisse de la liberté.
Autrement dit, je peux passer ma vie à courir et à bouger jusqu’à épuisement, à m’entourer de mille personnes sur les réseaux sociaux et dans la vie réelle, à croire en la science, la religion, la nourriture bio, la politique, et à tenter de ne jamais prendre la moindre initiative qui m’engage, tout cela ne changera rien au fait que je suis fondamentalement seul, que ma vie n’a aucun sens, qu’en plus j’en suis conscient et responsable, et que pour achever le tout j’en mourrai un jour, ainsi que tous ceux qui m’entourent.
Bien sûr, énoncé ainsi on me répliquera peut-être que le sujet est un peu austère et que plutôt que de consulter un psychothérapeute, aller embrasser des arbres et se reconnecter au grand Tout semble un programme plus joyeux.
C’est certainement vrai. Mais refuser de voir quelque chose ne l’a jamais fait disparaître. Si je me retrouve un jour face à mes peurs, être accompagné rendra sans doute la traversée sinon agréable, du moins plus supportable. C’est là le rôle du thérapeute sensibilisé aux questions existentielles.
Du reste, que l’on se rassure, chacun possède ses angoisses privilégiées, on pourrait même parler d’angoisse d’élection. Il n’y a donc que peu de chance de se retrouver sous le feu croisé de la totalité des angoisses existentielles listées ci-dessus. En lisant cette liste, peut-être d’ailleurs avez-vous déjà trouvé celle qui vous parle, ou plutôt celle qui vous étreint ; d’autres en revanche ne semblent vous faire ni chaud ni froid. Et tant mieux.
Les angoisses existentielles, un moteur de vie
Si l’angoisse est redoutable lorsqu’elle étouffe, étreint, emprisonne, elle est également moteur de la croissance psychique. On grandit en s’angoissant, par la capacité de tolérer cette angoisse, d’accepter d’aller au devant d’elle, faire connaissance. Lorsque ça n’est plus « trop angoissant », alors cela devient une compagne de route, parfois un peu envahissante, certes, dont on aimerait parfois se débarrasser, mais dont on sait bien qu’elle fait partie de la vie et qu’elle contribue aussi à l’animer.
Faire face à ses angoisses, vivre face à soi-même
Ceux qui écoutent la radio ces temps-cis auront reconnu dans le titre de cette brève celui d’une chanson signée Marc Lavoine : vivre ou ne pas vivre, extraite de son conte musical « les souliers rouges », qui passe beaucoup sur les ondes en ce moment. Parfois, l’expression de l’angoisse existentielle se niche à des endroits insoupçonnés, il me semble pourtant bien la voir poindre tout au long de ces paroles où se cristallise la tension de l’être-en-vie.
Faire face à ses angoisses. Ou dit autrement, choisir de vivre face à soi-même.
Pour aller plus loin :
- un historique du courant existentiel en psychothérapie sur le site du CIFPR
- une interview d’Irvin Yalom sur le thème des questions existentielles
- Thérapie existentielle, son ouvrage de référence en la matière
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Pascal Aubrit, psychothérapie relationnelle et coaching à Auvers-sur-Oise (95)
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