J’ai effectué ma formation de thérapeute au CIFPR, le Centre Interdisciplinaire de Formation à la Psychothérapie Relationnelle, basé à Paris.
Après y avoir été étudiant, et comme l’annonce cette brève sur son site officiel, j’en deviens désormais le directeur-adjoint, secondant Philippe Grauer, son fondateur et actuel directeur, avec qui je partage une grande amitié depuis vingt ans. Voici une brève histoire de mon lien avec cette école.
Le CIFPR
J’ai croisé la route du CIFPR en 2002. C’était à l’université de Paris 8 où, jeune maître d’armes, je suivais à l’époque le cursus de maîtrise en sciences de l’éducation. Le hasard des emplois du temps me rendait disponible pour aller assister au cours dispensé par Philippe Grauer, dont je ne savais pas à l’époque qu’il dirigeait une école de formation à la psychothérapie, le CIFPR, créé en 1985.
Et en fait de cours, je me retrouvai dans un séminaire de découverte de la psychothérapie de groupe, dispensé sur le versant de la non-directivité Rogerienne, qui me fascina, et bouleversa pour toujours ma façon d’enseigner, et probablement de vivre en relation avec les autres. En 2006, j’assistai à une journée de formation sur le développement de l’enfant au sein de l’école, ce fut ma première incursion à l’intérieur du CIFPR, mais je n’avais pas du tout conscience alors que j’y reviendrais par la suite.
En 2008, saturé par mon métier d’éducateur sportif, j’entamai ma reconversion par une formation au coaching professionnel et tentai d’y trouver un équilibre. Ce fut une période frustrante où je sentais mon attirance pour l’accompagnement sans pouvoir en vivre. Des collègues m’appelaient parfois pour me confier un coaching un peu particulier, sur lequel ils ne se sentaient pas forcément compétents ; je compris vite que ces coachings particuliers ressemblaient diablement à des demandes de psychothérapie déguisées. Pire, c’est ça que j’aimais, non pas le travestissement d’une intervention, mais un accompagnement où on s’éloignait des affres du boulot pour plonger dans de vrais sujets, profonds, difficiles parfois. Je me décidai alors à franchir le pas et m’engageai dans cinq années de formation au CIFPR, dont je peux encore éprouver l’intensité aujourd’hui en écrivant ces lignes.
Dès la fin de mon cursus, j’eus la chance de passer de l’autre côté du miroir pour animer certains événements de l’école, les séminaires cliniques, dits aussi séminaires thérapeutiques. Lors de ces rencontres, les étudiants deviennent patients ; le temps de la formation est suspendu pour s’occuper de soi, dans un mode opératoire souvent orienté vers la thérapie psychocorporelle (dynamique du souffle, travail en piscine d’eau chaude, …). Je suis également resté proche du comité directeur de l’école, refusant toutefois d’y entrer avant d’avoir fait un bout de chemin de mon côté.
Aujourd’hui, j’ai finalement accepté d’occuper cette fonction à la fois très stimulante et un peu effrayante, on ne rentre pas dans une telle maison sans un peu d’appréhension.
Cursus interdisciplinaire unique
Le CIFPR est né et s’est développé sur le terreau fertile de la multiréférentialité, concept mis au jour par Jacques Ardoino et Guy Berger dans cet étrange laboratoire que fut le département des sciences de l’éducation de l’université de Paris 8.
Jusqu’alors comparable à l’enseignement intégratif délivré à la Nouvelle Faculté Libre, malheureusement disparue aujourd’hui après le décès de son fondateur Jean-Michel Fourcade, l’enseignement multiréférentiel dispensé au CIFPR est désormais unique. Il ne s’agit pas ici de l’enseignement éclectique d’un certain nombre de techniques ou méthodes visant à élargir la boîte à outils du thérapeute, mais du choix de faire cohabiter des approches différentes et parfois tout à fait incompatibles entre elles, afin de se confronter aux affres du multiple, de l’irréductible et de l’irrésolu.
Guy Berger écrit de la multiréférentialité qu’elle est « le deuil du savoir total ; le fait d’un inconnu qui se profile en permanence ». Un beau programme.
Expérience, groupe et présence
La formation au CIFPR se déroule en immersion groupale, ce qui induit une implication personnelle profonde. Son apprentissage centré sur l’expérience permet autre chose qu’une position passive d’étudiant recevant du savoir. Il s’agit ici de vivre ce qu’on proposera ensuite à d’autres ; plus qu’une méthodologie, il s’agit avant tout d’une démarche éthique.
A contre-courant de l’époque, le cursus se déroule en grande majorité en présence. La rencontre de soi et des autres est donc un incontournable au programme, dans lequel le corps figure en point d’orgue. La prise en compte des aspects psychocorporels représentant un axe forts de la formation, comme j’ai déjà pu l’évoquer plus haut.
Un public d’adultes en reconversion
Les écoles comme le CIFPR s’adressent prioritairement à un public d’adultes en reconversion. Rares sont les étudiants en formation initiale à se tourner vers elles, l’université s’imposant à eux comme l’interlocuteur logique. D’âges divers, généralement de 30 à 60 ans, les étudiants du CIFPR forment une mosaïque d’histoires de vie qui, lorsqu’elles se rencontrent, donnent lieu à une expérience d’une richesse particulière.
On y trouve des personnes qui, comme je l’étais, viennent d’un métier qui touche de près ou de loin à l’accompagnement : métiers de l’éducation, de l’enseignement et de la formation, métiers médicaux et paramédicaux, ou encore des ressources humaines. Mais on y rencontre également des personnes qui viennent d’un tout autre univers professionnel, dont ils voudraient pouvoir s’extraire, ou le vivre différemment en développement leurs compétences relationnelles. L’absence de cursus lié au monde psy n’est absolument pas rédhibitoire si elle est compensée par une ouverture d’esprit et un travail sur soi conséquent.
La formation se déroulant au rythme d’un weekend par mois en présence et en moyenne, elle est compatible avec une vie professionnelle et familiale. Le travail personnel de lecture et d’écriture s’effectue quant à lui au rythme de chacun. Le cursus dure environ cinq années, une durée nécessaire pour intégrer l’apprentissage d’une posture destinée à accompagner les autres. Il est ponctué de regroupements résidentiels d’une semaine chaque été.
Une certaine idée de la psychothérapie
Sans crier gare, ce billet s’est presque transformé en une plaquette de présentation très approximative, signe qu’il est temps de s’arrêter là pour cette fois. Mais avant cela, il faut bien conclure. Et ce qui résume le mieux mon ressenti, c’est probablement une certaine idée de la psychothérapie, sur laquelle j’écris chaque mois sur ces pages. En effet, ce que j’ai vécu en tant qu’étudiant au CIFPR, c’est une expérience qui transforme, au point que des années plus tard, j’ai en tête l’idée présomptueuse de permettre à d’autres de la vivre dans l’avenir.
À mon humble niveau, il s’agit de contribuer au devenir d’une certaine clinique : expérientielle, existentielle, multiréférentielle, humaniste, groupale et psychocorporelle. Tout ça et plus encore, rassemblé autour d’une idée forte de la relation… Oui, c’est effectivement présomptueux. Mais ça existe, puisque je l’ai vécu.
Pour aller plus loin :
- La Psychothérapie relationnelle – De la naissance d’une profession à l’émergence d’un champ disciplinaire, de Philippe Grauer et Yves Lefèvre
- Un amour qui guérit, d’Edmond Marc, le meilleur résumé en exemples de ce que nous faisons et continuons à promouvoir.
- Jacques Ardoino, Les avatars de l’éducation, par l’un des deux fondateurs de la multiréférentialité avec Guy Berger. (Connaissant bien le second, il ne devait pas être loin du premier lors de l’écriture de ce livre.)
- Le site du CIFPR, Centre Interdisciplinaire de Formation à la Psychothérapie Relationnelle
Image du bandeau : LoggaWiggler – Pixabay
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Pascal Aubrit, psychothérapie relationnelle et coaching à Auvers-sur-Oise (95)
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Marie
Je suis heureuse de lire cette nouvelle, bravo!! Je garde en tête l’idée de faire une piscine ou un souffle de nouveau. Je le souhaite en tout cas.